Il y a un an, les photos de la première édition du raid organisé par Christophe Le Saux en Bolivie me faisaient rêver. Plusieurs choses m’attiraient particulièrement dans ce raid d’environ 220 km constitué de 8 étapes par équipe de 2 : l’idée de courir dans le désert de sel d’Uyuni en testant mes capacités à galoper à des altitudes élevées, allier sport et culture avec la découverte de 2 pays d’Amérique du Sud : la Bolivie et le Pérou.

Je suis attentivement les aventures et résultats de Christophe depuis plusieurs années par l’intermédiaire des réseaux sociaux sur lesquels il est très actif. Christophe est pour moi un extraterrestre de l’ultra. Il est capable d’enchaîner les courses les plus difficiles et éprouvantes aux quatre coins du globe en jouant avec les décalages horaires et les climats. Hâte de le rencontrer et porter fièrement les couleurs de son association lancée en début d’année avec Antoine Guillon, la team globe trailers.

Cela me permettra d’emmagasiner de l’expérience, des kilomètres et des globules en vue de l’objectif de l’année : la CCC. Mon dopage naturel lié à l’altitude sera néanmoins retombé pour la course car les effets bénéfiques seraient de 3 semaines environ mais là n’est pas l’essentiel.

Nicolas, pacer chez Nike et Christine, revu sur son île de la Réunion l’an passé avaient été enchantés par la première édition. Connaissant un peu mon style de vacance, ils m’y voyaient déjà. Il n’en faut pas plus pour me décider. Je réserve définitivement le voyage en mars 2016. N’ayant pas trouvé de binôme, Christophe me précise que je serai accompagné par Tiffany.

Après une semaine très chargée professionnellement, me voilà parti pour de longues heures de voyages, ça se mérite ce genre d’aventure.

Vendredi 24 juin 2016 : PARIS ROISSY – MIAMI – LIMA : 15h30 de vol avec 2h d’escale.

Décollage vers midi pour une arrivée sur Lima vers 23h. Je fais la connaissance rapide au moment de la récupération des bagages de Thomas. Il sera en charge de filmer cette aventure. J’ai rendez-vous avec Luis qui m’a été recommandé par les Coflocs. Il arrive dans une superbe coccinelle bleue ciel de 1973, classe comme arrivée. Sur le trajet, il me raconte un peu son histoire, j’ai l’impression qu’il a eu 10 vies. Je reste très peu de temps sur Lima puisque mon vol est à 7h le lendemain matin mais j’aurai l’occasion de le retrouver en fin de séjour.

Samedi 25 juin 2016 : LIMA – JULIACA : 3h de vol avec une courte escale à Cuzco.

Réveil à 5h45, la nuit a été extrêmement courte mais je préférai dormir peu mais dans un lit plutôt que de traîner dans l’aéroport toute la nuit. Je retrouve Thomas qui a le même vol, on discute voyage, trail et course à pied, le trajet passe très rapidement. Atterrissage surprenant à Juliaca, une fois les roues posées le pilote remet les gaz au dernier moment, la piste est un peu courte. La seconde fois est la bonne, nous sommes à 3 800 m d’altitude. Il va falloir s’habituer ce sera l’altitude la plus basse pour les 13 prochains jours. 2 belges, Didier et Florence nous interpellent avec notre look de trailers randonneurs, ils font parties également de l’aventure. On partage le taxi en prenant la direction de Puno situé au bord du lac Titicaca à environ 1h de route. On arrive au Qelqatani hotel, cadre très sympa et bien situé dans une parallèle à la rue principale et commerçante de la ville. On croise Christophe dans le hall qui règle les dernières modalités et la répartition des chambres. Le rendez-vous pour le briefing est fixé à 18h dans le hall avec l’ensemble des participants qui devraient arriver au fil de l’eau dans la journée. Petit tour dans la ville avec la découverte des ruelles touristiques, des couleurs vives, des chapeaux melons portés par les boliviennes et d’un marché local. Ce dernier fait ressortir les odeurs, les couleurs et je découvre certains  fruits et légumes. Reviennent souvent les céréales dont la quinoa qui est reconnue pour ses vertus  très digeste, sans gluten, pauvre en lipide, mais riche en fer alimentaire et en protéines. Thomas et David sont très friands des céréales et font leur réserve pour le raid.

La nuit tombe sur Puno, il est déjà l’heure de tous nous retrouver pour le briefing. Apéro convivial autour de bières locales et accompagnements. Christophe fait rapidement une revue du programme des prochains jours, nous remet nos dossards ainsi qu’un bonnet Péruvien : cela sent le début de l’aventure, hâte que cela commence. Il y aura 7 équipes et notre groupe sera composé de 18 personnes.

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Ce sera une véritable expédition car nous serons sur la partie Bolivienne en totale autonomie en matière de nourritures, d’essences et divers ravitaillements : une sacré organisation et logistique.

Dimanche 26 juin 2016 :

Petit déjeuner copieux à 7h. Départ en bus en direction de Copacabana. Nous ne sommes pas sur la célèbre plage du Brésil mais en route pour la Bolivie. Cette ville est située au bord du lac Titicaca, les premières réflexions fusent.

Passage rapide de la frontière avec les formalités habituelles (pas de visa nécessaire), nous faisons la connaissance de Ricardo alias Ricky qui sera notre guide durant cette aventure. Entre temps, nous avons de nouveau changé d’heure, 6h de moins avec la France.

On longe le lac depuis plusieurs heures maintenant, Il est considéré comme le plus haut lac navigable du monde. Il s’étend sur environ 8 600 km², parmi lesquels 55% correspondent au territoire péruvien et le reste est bolivien. Sa longueur est de 190 kilomètres et sa largeur de 80 kilomètres. Situé dans l’Altiplano à plus de 3 800 mètres au-dessus du niveau de la mer, il a une profondeur moyenne de plus de 100 mètres et une profondeur maximale de plus de 320 mètres. Après le déjeuner, nous prenons un bateau pendant 1h en direction d’île du soleil, digestion et sieste pour la majorité d’entre nous. L’île a une importance majeure dans la civilisation inca et a même donné son nom au lac Titi Khar’ka ou titijaya, qui veut dire « puma de pierre ». C’est avant tout également un lieu de légendes. On raconte qu’un trésor se cache au fond du lac. Francisco Pizarro captura l’empereur Atahualpa et exigea de lui verser une rançon en échange de sa vie. Atahualpa se trouva à devoir donner une quantité d’or et d’argent de la taille de la pièce où il était prisonnier, soit 35 m² de surface sur une hauteur de 2 m. Pizarro ne tenu pas parole et Atahualpa fut exécuté. Lorsque les mariniers qui transportaient l’or sur le lac Titicaca apprirent la nouvelle, ils décidèrent de jeter les kilos d’or et d’argent dans le lac. De nombreuses recherches sous-marines tentèrent donc de découvrir le mythe de l’eldorado péruvien et de la cité cachée au fond du lac. Même le commandant Cousteau dans les années 70 y plongea à la recherche du fameux trésor.

Randonnée d’acclimatation d’environ 1h avec un sac léger pour rejoindre l’hostal Inti Wayra. Dès les premières montées de marche, je sens le cardio qui monte. Le coucher du soleil sur la colline voisine est incroyable.

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Je teste ma première infusion de maté avec des feuilles de coca qui facilite l’acclimatation. Juste avant le repas, Christophe sort son oxymètre afin de contrôler notre taux d’oxygène dans le sang, j’ai 88% et suis dans la moyenne du groupe.

Lundi 27 juin 2016 :

Réveil avant 6h pour assister aux premières lueurs du soleil. Les nuages montent progressivement vers l’horizon. Départ à 8h pour rejoindre l’autre bout de l’île en bateau. Randonnée d’acclimatation d’environ 3h avec passage et explications historiques de Ricky au milieu des vestiges de la civilisation inca et aymara. Selon la légende, c’est ici que serait né le fils et la fille du soleil. La randonnée est agréable avec des paysages très variés.

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Retour en début d’après-midi à Copacabana où nous attends notre bus de la veille. 2 heures de route plus tard, il faut traverser la rive. Le bus prend un bac tandis que nous effectuons la traversée par un petit bateau. Les mouettes nous suivent à proximité, Pierre a commencé à leur lancer du pop-corn, elles sont déchaînées.

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En attendant le bus, on goûte les petites fritures et diverses brochettes à vendre sur le petit port.

Changement de bus à la tombée de la nuit en arrivant à La Paz pour prendre un bus plus confortable et faisant couchette. Christian et son sac se souviendront de la transition avec la chute de son sac dans une tranchée odorante. Les routes sont défoncées, sinueuses et les klaxons rugissent dans la capitale administrative la plus haute du monde. C’est aussi la ville où les pauvres vivent en hauteur et les riches en bas. Avec l’altitude, plus il y a d’oxygène mieux on est, donc moins on est haut, plus c’est cher !

Je supporte bien mon sac de couchage durant le trajet et arrive à bien récupérer de cette grosse journée de transport.

Mardi 28 juin 2016 :

Arrivée à Uyuni à 6h du matin. Le décor de l’hostal Kory Wasy est étonnant, il fait penser à une hacienda mexicaine mais avec une température polaire. Après un petit déjeuner pris au bord d’une bouteille de gaz transformée et adaptée en radiateur, je pars avec le groupe d’auvergnat en direction des trains abandonnés. A 3km du centre, c’est l’attraction de cette ville qui donne des impressions de Far West. De longues rues plates et à damiers fuient vers l’horizon, pleines de poussières et de chiens errants dès que l’on sort de la rue principale. On est tout seul au milieu de ce cimetière de métal. L’effet de la rouille et du temps avec le paysage lunaire en arrière-plan fait ressortir les contrastes.

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C’est dorénavant un passage obligatoire lorsque l’on se rend dans cette ville départ de nombreuses excursions en direction du fameux désert de sel ou du sud Lipaz. Uyuni se trouve à un carrefour ferroviaire où passais la majorité des transports du minerai du pays. Il était ainsi plus facile de laisser les locomotives au milieu des voies désaffectées que de les recycler.

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Les tenues sont toujours aussi colorées. J’adore le style des femmes boliviennes en particulier celui des cholita : femme indigène Aymara avec leur petit chapeau melon (bombin ou borsalino), de longs cheveux nattés reliés ensemble par la tula et la superposition de leurs 7 jupons appelés pollera (qui signifie une grande cage où l’on élève les poulets, c’est très imagé).

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Après une sieste, on finit l’après-midi au chaud dans un bar. On se retrouve dans le restaurant de l’hôtel pour une tradition lancée par Christophe dans toutes ses organisations. Il demande à chaque participant de ramener une spécialité de sa région, cela permet de créer un moment de convivialité et de partager des bons produits locaux dans des endroits isolés. Vu le stock disponible, on pourra en faire au moins 3 ou 4 fois durant le séjour. On entame les spécialités venues d’Auvergne avec du Saint nectaire et des gratons notamment arrosés avec de la salers, alcool à base de gentiane et de l’andouille de Baye. On fête également l’anniversaire de Tom, bel endroit pour fêter sa majorité. Coucher à 21h30, demain nous attends la première grosse étape du raid, il faut être raisonnable.