Pour clôturer ma saison, je traverse la Manche pour le premier weekend de décembre et mon dernier défi de l’année 2015. L’objectif est ambitieux : participer à un trail de 45 miles soit environ 72 km afin de pouvoir prétendre au tirage au sort de la CCC 2016. Pour obtenir mes 2 derniers points du challenge, le calendrier est restreint. Beaucoup d’amis participent à la SainteLyon mais j’avais envie d’une destination originale. Romain me propose très rapidement de participer à une des courses du challenge Endurance life – Coastal Trail Series qui est constitué de 11 courses réparties sur les côtes britanniques. Il a déjà participé à une édition l’année dernière à Gower et avait apprécié l’ambiance et l’organisation.
La course de décembre est prévue dans le comté de Dorset, situé à 200 km au sud-ouest de Londres à hauteur de Cherbourg ou de Saint-Malo. Cette région est connue pour son littoral avec la Côte Jurassique, inscrite d’ailleurs au Patrimoine mondial de l’Unesco. Il y en a pour tous les goûts : 5 distances aux choix avec le 10 km, semi-marathon, marathon, Ultra (54 km) et Ultra PLUS (72 km). L’organisation a noté la difficulté des courses et comme par hasard, Dorset est coté 5 soit Extreme, cela annonce la couleur. Je converti le dénivelé qui atteint quand même 8 040 ft soit environ 2 500 D+ et D-.
Départ vendredi matin en direction de Southampton avec un petit avion à hélice. Le trajet est tellement rapide que l’heure d’arrivée et de départ sont les même grâce au jeu du décalage horaire. On récupère la voiture de location et rejoignons le centre-ville. La météo est clémente et les rues piétonnes agréables. Il est vendredi midi, on ne peut pas échapper au fameux fish and chips.
On rejoint ensuite le village de Lulworth Cove situé à environ 1 heure de route. Il fait déjà presque nuit, il n’est pourtant que 16h : définitivement ma frontale sera indispensable pour ma fin de course de demain. Nous arrivons au cottage réservé par David, ami de Romain croisé cet été au marathon du Mont-Blanc et membre actif des Run Dem Crew de Londres. La maison est idéalement située à environ 1 km du départ. Nous retirons nos dossards, un t-shirt mentionnant « never give up » que l’on peut traduire par abandonne jamais nous est remis. La météo s’est bien dégradée, il pleut maintenant et le vent souffle énormément.
Réveil à 6h30, le départ de la course est fixé à 8h. La pression monte progressivement. En effet je n’ai jamais couru plus que la distance d’un marathon et vois que la météo ne s’est pas arrangée. On prend une photo de groupe avant notre départ, jusqu’ici tout va bien.
Alan (72 km) – Adrien (72 km) – Laura (54 km) – Al (54 km) – Romain (72 km puis Marathon) – moi – Christina (semi-marathon) et David (72 km).
Après un briefing digne d’un discours de Fidel Castro du fait notamment des rafales de vents, nous partons à 8h15 en compagnie des participants de l’Ultra. Nous attaquons une bonne montée qui nous fait grimper sur les hauteurs de la falaise, la vue est très sympa mais le vent est impressionnant. Je prévois de rester avec Romain toute la course, je m’arrête déjà pour prendre quelques photos. Je réajuste rapidement ma visière et essaye de m’abriter, je crains que le vent ne se calme pas. Au loin, j’aperçois déjà les montagnes russes qui nous attendent. Nous passons également Durdle Door, arche naturelle symbole de la région.
Nous trouvons notre rythme, les écarts commencent à se creuser mais la route est encore longue. Le vent se calme au bout de 9 km environ lorsque nous entamons le retour de la boucle. Nous traversons d’abord un agréable sous-bois puis des champs avec des vaches surprises par le passage des trailers. Nous devons escalader régulièrement des clôtures, nous ne sommes pas épargnés. Après une bonne descente et le passage au semi, nous repassons la ligne de départ où nous sommes applaudis par les partants du semi-marathon. Au passage, nous croisons Christina. Nous regagnons ensuite une plage de galet, le vent souffle fort de nouveau. Nous entrons alors dans la base militaire, la végétation est encore plus limitée sur cette partie et des pancartes avertissent que des tirs sont réguliers dans la zone, on va essayer de ne pas trop s’attarder. Cette zone est très exposée au vent, je commence à courir comme Sébastien le crabe de la petite sirène. Ma visière décolle à 2 reprises et mes lunettes ne sont pas loin également de la suivre. Au bout de 30 km, Romain décide de revoir ses ambitions et de s’arrêter au marathon, sa saison a également été bien chargée et il a déjà les points pour prétendre à la CCC. J’accélère progressivement mais reste prudent il me reste encore un marathon à parcourir. Surtout, je m’alimente et bois régulièrement, j’ai prévu ce qu’il fallait dans mon sac.
Je passe le marathon après 5h51m de course. Je profite de la tente du ravitaillement pour prendre un thé chaud et recharger mes gourdes. Je croise Alan au ravitaillement, je vais essayer de m’accrocher. Je repars peu de temps après lui une fois le contrôle de ma frontale effectué par l’organisation. Je le rattrape dans la première montée. On décide ensuite de courir ensemble en compagnie de Jun, qui vient du Japon. Je reconnais le parcours, on a déjà effectué cette boucle qui correspond à un semi-marathon ce matin. On garde un bon rythme et accélérons même sur le retour avec des passages à plus de 12km/h malgré le vent toujours présent. La fin de la boucle se fait de nuit, il est déjà l’heure d’allumer la frontale, les écarts sont énormes, j’aperçois difficilement ceux de devant. On finit la boucle au bout de 8h40m, il reste encore 10km à parcourir, le vent est toujours aussi fort, il fait maintenant nuit noire. Je vais être prudent surtout dans les descentes.
Nous reprenons la même boucle longeant d’abord les falaises avec 4 grosses montées puis descentes avant de prendre la bifurcation avec le retour sur Lulworth et la ligne d’arrivée. Les jambes commencent à être lourdes mais je me m’accroche. Je fini la course en 10h24m avec Jun tandis qu’Alan a pu accélérer dans les descentes et fini avec 7 min d’avance.
J’arrive plutôt frais à l’arrivée, content d’avoir relevé ce défi. Je fini à la 31ème place sur 83 partants et 57 arrivants. Je suis satisfait de ma gestion de course surtout avec ces conditions dantesques. Les rafales approchaient parfois les 80 km/h, pas étonnant que je reculais parfois. Le premier a mis 7h31m soit 1h de plus que le meilleur temps sur le même parcours, cela permet de donner une idée de l’impact du vent dans une course.
La douche chaude est bien méritée, nous rejoignons un pub pour fêter ça avec un énorme burger et une bière. Au dessert, David nous rejoint avec ses 2 bâtons, il paraît fatigué mais est allé jusqu’au bout et à réussi à finir avant la barrière horaire.
Les résultats du groupe sont les suivants :
Alan (10h17m sur le 72 km) – Adrien (8h55m sur le 72 km) – Laura (8h19m sur le 54 km) – Al (7h12m sur le 54 km) – Romain (6h07m sur le marathon) – moi (10h24m sur le 72 km) – Christina (3h32 sur le semi-marathon) et David (12h25m sur le 72 km).
Tarif du dossard pour l’Ultra + : 70 livres sterling soit environ 96 €.
Prix du billet d’avion : environ 100 € AR avec Flybe
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