La Team s’est officiellement formée un soir de Ligue des Champions à 10 000 km environ de l’Hexagone en trinquant à la victoire parisienne au milieu d’une nuit de mars 2015. Le breuvage local à base de houblon : la célèbre Tusker était au rendez-vous en général après notre entraînement biquotidien au comptoir du Kerio View Hotel d’Iten. C’était un peu la récompense après avoir foulé la piste rouge des chemins vallonnés de la vallée du Rift mais surtout l’occasion de commencer à se connaître.

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Après le retour de cette superbe aventure humaine et sportive au Kenya, on se retrouve régulièrement avec Jérôme et Clovis autour d’une pizza et d’une pinte. C’est souvent l’occasion aussi de se lancer des défis ou de mettre à jour le calendrier des courses annuelles. 

Plusieurs mois plus tard, on reprend les même et on recommence. Jérôme nous invite dans son fief transalpin du Piémont pour un stage d’une semaine avec un peu de dénivelé : le RTV pour Route Trail Vin est créé. Cela a le mérite d’annoncer le programme et cela nous va très bien. On ne fait surtout pas offense à Jérôme : on mange bien gras et on arrose tout ça en hommage à ses posts sur les réseaux sociaux les veilles de course. Passage incontournable dans les caves avec Gianfranco, on n’est pas difficile dans la Team, on goûte de tout et surtout on ne recrache pas pendant la dégustation.

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L’inscription à la Saintelyon (130 € pour l’équipe de relais à 3) se fait en septembre 2016 naturellement autour d’une pizza juste après mon débriefing de ma CCC. Ce n’est pas très raisonnable mais ils arrivent vite à me convaincre pour faire le relais à 3. Rapidement la répartition est vite trouvée. Jérôme commencera la course. Je prendrais la suite et Clovis finira pour nous retrouver à la Hall Tony Garnier à Lyon. J’ai participé à la Saintesprint en 2014 qui correspond à quelques choses près au dernier relais de la course. Je préférai donc faire une autre partie du parcours et cela convenait bien à Clovis de finir fort et de franchir le célèbre arche d’arrivée.

Relais n°1 : 28 km – 730m D+ / 550m D-

Relais n°2 : 23 km – 635m D+ / 950m D-

Relais n°3 : 21 km – 365m D+ / 550m D-

En ce premier weekend de décembre, c’est la 63ème édition de la SaintéLyon. C’est un monument du calendrier de la course à pied en France. Le raid nocturne entre Saint-Étienne et Lyon, doyenne des courses d’ultra, est devenu un véritable phénomène et la plus grande course nature de l’hexagone en termes de participants : 17 000 coureurs sont attendus sur l’ensemble des courses et relais. Habituellement, la course tombe le même weekend que la fameuse fête des lumières, cette année pour des raisons de sécurité, les 2 événements auront 1 semaine d’intervalle.

 Jérôme rejoint la ville des lumières le vendredi depuis Cannes. Clovis et moi avons décidé de partir samedi matin, on récupère 2 covoitureurs jusqu’à Troyes. Pasta party au poulet chez Evelyne, cela nous fait une coupure avant d’arriver sur Lyon. La vitesse est réduite depuis quelques jours suite à des pics de pollution dans les plus grandes villes mais la route passe vite. On rejoint l’hôtel réservé par Jérôme vers 17h, il a pu récupérer nos dossards dans l’après-midi. On rejoint la Hall Tony Garnier pour faire un tour sur les stands et prendre une photo sur la ligne d’arrivée.

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Gary Cantrell, alias Laz est interviewé au même moment. Il organise l’une des courses les plus dures et folles du monde : la Barkley. Le reportage d’Intérieur sport sur cette course vaut le détour. L’idée lui est venue lors de l’évasion de prison en juin 1977 de James Earl Ray, le meurtrier de Martin Luther King, repris après 54 heures de cavale et seulement 8 miles parcourus. La course se déroule dans le parc national de Frozen Head, près de Wartburg dans l’état du Tennessee. Seul une trentaine de participants sont admis. Les candidats doivent rédiger une lettre de motivation, expliquant pourquoi ils devraient être admis à courir. Les frais d’inscriptions sont de 1,60$ avec une course composée de cinq boucles qui totalisent une longueur approximative totale de 100 miles (160km) et un dénivelé de 60 000 pieds (18 000m). Elle doit être complétée en moins de 60 heures, avec chaque boucle complétée en moins de 12 heures. Durant la course, les coureurs doivent trouver des livres placés sur le parcours et déchirer la page qui correspond à leur numéro de maillot pour prouver qu’ils ont parcouru le bon chemin. Très peu de coureurs sont venus à bout de la course : seuls 14 coureurs ont terminé les cinq boucles depuis 1986.

La hall est impressionnante : l’équivalent de deux terrains de football mis bout à bout avec une charpente métallique d’un seul tenant donc sans pilier central. Inaugurée en 1914 pour l’exposition internationale urbaine de Lyon, c’est d’abord un marché aux bestiaux. Elle est notamment réquisitionnée comme usine d’armement lors de la Grande Guerre. Depuis 1988, elle est transformée en salle de concert et peut accueillir pas moins de 17 000 personnes en capacité maximale.

Direction ensuite Saint-Etienne pour regagner le départ après un arrêt Pizza del Arte pour recharger en calories et en sucres lents. Clovis nous dépose vers 23h devant le parc des expositions, il doit rejoindre Soucieu-en-Jarest pour le dernier relais. Il calcule depuis le début de la journée les heures prévisionnelles avec nos temps de passages. C’est sûr qu’avec Jérôme sur la première partie de course, je devrais prendre le relais assez bien placé. J’ai de mon côté une navette à prendre vers 0h15 qui me dépose à Sainte-Catherine. Je reste au milieu du parc d’exposition qui s’est bien rempli de coureurs. Certains sont blottis dans leur sac de couchage tandis que d’autres sont déjà au taquet. J’adore ce genre d’ambiance d’avant course. Jérôme dépose rapidement son sac et décide de rejoindre la ligne de départ un peu plus de 40min avant le départ du premier sas pour pouvoir être pas très loin des élites. Il est bien couvert car il fait frais, les températures sont négatives mais la neige n’est pas présente cette année. Je tombe sur le groupe composé de Karine, Laetitia, Aude, Maxime et Flo. Ils sont en pleine forme et surexcitée, cela fait plaisir à voir. Je leur souhaite une belle aventure tandis que je pars en direction de ma navette, le départ du premier sas est lancé.

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Les navettes sont rapidement accessibles et m’endors rapidement. Je me réveille en sursaut, il est 1h30 du matin, l’arrivée à Sainte-Catherine est imminente. Il y a des embouteillages et le bus doit arriver en marche arrière près du site. Je vois l’heure défiler, Jérôme est parti depuis 2h maintenant. Je demande au chauffeur si je peux descendre en route et finir en courant car je vois au loin les premiers concurrents passer. J’ai une montée d’adrénaline car ce serait bête que Jérôme soit au niveau du relais à m’attendre. Je rejoins au sprint la tente des relais, je n’aurai pas le temps de déposer mes affaires à la consigne, je choisi de le laisser à Jérôme qui les récupérera au passage. Je vois Jérôme débouler dans le virage, il me passe rapidement la puce, je lui confie mon sac et lui précise que Clovis doit m’indiquer précisément où se trouve la voiture lors du passage du relais car je n’ai pas de portables. On ne perd pas trop de temps au relais, je suis déjà lancé sur les sentiers éclairés par ma frontale. Je suis rapidement dépassé par 2 coureurs en relais. Ils me doublent à une allure impossible à suivre à mon niveau. Je préfère faire ma course, ne pas me mettre dans le rouge car j’ai un peu de plus 23 km à réaliser avec quelques bonnes montées et descentes.

Je vois quelques frontales au loin, un petit groupe s’est constitué. J’essaye de les suivre à vue et de garder un rythme régulier. Je fais bien attention à me concentrer sur ma foulée et le placement de mes pieds car le chemin est accidenté et certains endroits sont tantôt glissants ou boueux. J’arrive rapidement à un petit faux-plat en zig-zag qui accède au lieu-dit Brûle Fer avec un passage dans le célèbre Bois d’Arfeuille. D’abord grosse descente technique, j’ai rapidement les pieds trempés avant d’attaquer la nouveauté et la plus grosse difficulté de la course : la montée vers Saint-André-la-Côte par le Rampeau : 750 m avec 180m D+ et un pente de 20% environ. Je suis bien content d’arriver en haut. 2 personnes m’encouragent et me disent qu’il n’y a pas beaucoup de relais devant, j’ai réussi à marcher à un bon rythme dans la montée sans me faire doubler. Direction ensuite vers le Bois des Marches, je glisse sans trop de bobo lors d’un virage. Le chemin était gelé, plus de peur que de mal.

Après 1h04m de course, j’arrive au ravitaillement de Saint-Genou. Je prends rapidement un verre et une pâte de fruit. Je suis à mi-course et reste avec un concurrent engagé sur le 72km, j’ai l’impression que nous avons le même rythme sauf qu’il a déjà plus de 3h de course dans les jambes.

Je remonte par le bois du Pindoley puis on attaque le bois de la Gorge qui débute par une descente un peu piégeuse suivie d’un agréable chemin en sous-bois. Ce secteur se termine par une belle montée en lacets de 400m. Je commence à doubler les derniers concurrents de la SaintExpress parti depuis Sainte-Catherine. On rejoint ensuite le bois de la Dame pour aborder une descente très roulante de 800m, je me fais plaisir et ai un bon rythme. Je chute de nouveau et arrive à bien rouler. Mon pantalon fin m’a bien amorti également. Petite remontée soutenue de plus de 500 m, je conserve un rythme de marche rapide, pas possible de courir avec cette pente. Je traverse ensuite le lieu-dit du Mauvais Pas avant d’attaquer la descente du Bois Bouchat se terminant par un joli single de 400m. Je rejoins le secteur du ruisseau des Levées. J’ai des bonnes jambes et arrive à garder une allure correcte dans la montée. On rejoint la route sur les hauteurs de Soucieu-en-Jarrest par un large chemin, dernière glissade avant de rejoindre une petite route. Les premières maisons apparaissent, je lâche tout dans la dernière descente bitumée. Le gymnase est à vue, au niveau du passage du relais j’aperçois Clovis.

Je lui transmets la puce, il m’indique rapidement l’endroit où se trouve la voiture et me confie ses affaires. J’entre dans le gymnase chauffé et me ravitaille rapidement. J’y croise Valéry, on consulte rapidement le classement sur le live. Il m’indique que nous étions 3ème du classement lorsque Jérôme m’a transmis mon relais. Je l’ai donné à la 8ème position à Clovis, j’ai limité la casse. Il peut finir fort et gagner quelques places vu sa forme actuelle.

L’objectif est maintenant de retrouver la voiture avec les rapides indications de Clovis. Je la retrouve finalement au bout de 30 minutes. Le pare-brise est gelé. J’active le GPS pour regagner l’arrivée et récupérer au passage Eve. Cela n’est pas gagné pour que j’arrive à l’arrivée avant Clovis car il cavale surtout que sa partie est descendante. On arrive finalement à retrouver Jérôme à proximité de l’arche de l’arrivée. Clovis ne devrait pas tarder, on l’attends juste avant l’entrée de la Hall pour finir les 200 derniers mètres ensemble. Le flot des coureurs de la SaintExpress est important, il a du passer son temps à doubler. On le voit débouler au loin avec sa petite frontale (il aurait du prendre la sienne), il a une sacrée allure, j’ai même du mal à le suivre. On franchit la ligne d’arrivée ensemble après 6h03m17s à la 6ème place par équipe au relais à 3 et 5ème de notre catégorie sur plus de 220 équipes. Notre chrono nous aurait permis de finir à la 18ème place en individuel. L’objectif est atteint : nous arrivons avant le levé du soleil. Je retrouve Arnaud et Jérémy à l’arrivée, ils attendent leur relayeur.

Après une douche bien méritée, une petite nuit et rendez-vous pour un burger / pinte pour fêter tout ça au Ninkasi. Retour sur la région parisienne et à la réalité parisienne vers 21h. Le weekend a été court et intense mais toujours sympa de retrouver la Team Tusker. Il ne reste plus qu’à trouver le prochain défi en relais ou en individuel.

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Différentes courses du week-end :

SAINTELYON (en individuel ou en relais à 2, 3 ou 4) – 72KM / 1730M+

SAINTEXPRESS – 44KM / 950M+

SAINTSPRINT – 22KM / 400M+

SAINTETIC – 12KM / 200M+

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