Mon dernier séjour au pays du soleil levant date de novembre 2013. A l’époque, j’étais resté à peine 3 jours sur la capitale, largement insuffisant pour visiter la ville la plus peuplée du monde. J’y reviens dans un autre contexte : participer au marathon de Tokyo, 5ème et mon avant dernière étape des Marathon Majors. Ce n’est pas très raisonnable mais l’ultime étape s’achèvera à Londres 8 semaines plus tard avec un enchaînement de 2 marathons sur une durée relativement courte.

Participer à cette course n’est pas chose facile. Je sais de quoi je parle, j’ai été refoulé des 4 derniers tirages au sort. L’inscription a lieu tous les ans en août avec un résultat qui tombe fin septembre. La demande augmente tous les ans et cela risque de ne pas s’arranger. Le marathon de Tokyo 2018 a dépassé la demande de son homologue britannique avec plus de 320 000 demandes pour uniquement 25 000 élus. Après ce nouveau refus, je décide dès septembre de solliciter les tour-opérateurs officiels (que l’on peut retrouver sur le site de l’organisation du marathon) de différents pays pour demander un devis pour un pack dossard + hôtel.

Les organismes français incluent généralement des excursions (Mont Fuji notamment) et régulièrement une extension dans la ville de Kyoto. Ayant déjà visité l’ancienne capitale et ne pouvant prendre qu’une semaine de congés, je préfère exclure ces formules. Rapidement, je reçois des réponses négatives venant du monde entier.

Une autre solution pour participer à ce marathon est de soutenir une des seize associations homologuées pour le programme de « Charity » du Marathon de Tokyo. Un minimum de 100 000 Yens collectés (soit environ 750 €) est demandé. Le nombre total de dossard est limité à 4 000 unités à partir du 1er juillet.

Fin novembre, un organisme anglais, Sports International Tour, me contacte du fait d’un désistement. Je me décide rapidement et réserve leur package dossard + hôtel.

Ce n’est que la onzième édition de ce marathon qui a rejoint les Majors en 2013. Je ne me fais aucun souci sur l’organisation de la course, les japonais sont souvent irréprochables dans ce domaine. A l’approche des prochains Jeux Olympiques qui arrivent dans 2 ans, une ferveur populaire autour des courses sur route se fait de plus en plus ressentir sur l’archipel.

 Mercredi 21 février 2018 : PARIS CDG – ZURICH – TOKYO : 15h de voyage (dont 1h30 d’escales).

Je rejoins Roissy avec mon sac à dos, il me suit partout depuis son achat pour la traversée de l’ile de la Réunion. Il est déjà bien amorti et a fait de nombreux voyages. Il passe en bagage cabine, je suis parti léger avec moins de     8 kg à la pesée. Au niveau de la porte d’embarquement, j’ai l’heureuse surprise de rencontrer Sébastien. On ne s’attendait pas à se retrouver, il vient aussi pour le marathon et coïncidence incroyable, nous avons exactement les mêmes vols aussi bien à l’aller qu’au retour. On s’était croisé au marathon de Chicago et j’avais répondu à une de ses interviews pour son fameux blog Paris Road Runners. C’est quand même plus sympa de faire le séjour à deux, lui aussi est parti seul.

Jeudi 22 février 2018 :

Le voyage s’est bien passé, j’ai pu dormir environ 7h durant le vol, c’est plutôt pas mal. On arrive vers 9h sur la capitale nippone. Le passage de douane de Narita est rapide. Nous nous apprêtons à rejoindre la gare direction le centre-ville (trajet le plus rapide via la JR Narita Express : 2 900 Yen soit environ 25 €) quand la télévision me propose une interview. Je joue le jeu et raconte la raison de ma venue. Les journalistes ne sont pas au courant de la présence du marathon ce week-end et je commence à me prêter au jeu des questions. Le journaliste ne parlant pas anglais, il y a une interprète qui lui traduit ses questions et mes réponses. Quelques jours plus tard, j’apprends qu’une émission diffuse chaque mardi soir les arrivées des touristes et japonais à la sortie de l’aéroport mais difficile de savoir si je suis finalement passé sur les écrans.

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Narita est situé à environ 1h30 de train de mon hôtel qui se trouve dans le quartier de Shinjuku, station de métro la plus vaste du réseau avec des millions de voyageurs qui y transitent chaque jour (on y trouve plus de 50 sorties : un vrai labyrinthe). Le Hyatt Regency est situé juste à côté de la mairie de Tokyo (Metropolitan Government Office) avec une sortie indiquée dans la gare ce qui facilite l’orientation. Le hall de l’hôtel est impressionnant avec ces 2 lustres géants. Pour les cinéphiles, des scènes de Lost in Translation, un des premiers films de Sofia Coppola y ont été tournées. Je n’ai pas trop l’habitude de fréquenter ce genre d’établissement, je pense que l’adaptation sera plutôt aisée. Je laisse mon sac au groom qui me le déposera dans ma chambre dès que cette dernière sera disponible. Nous avons prévu avec Sébastien d’aller au marathon expo dès cet après-midi pour éviter le bain de foule, on se fixe un rendez-vous directement sur le quai du métro. J’ai un peu de marge pour le rendez-vous, je décide ainsi de rejoindre la mairie voisine et d’aller au 25ème étage. L’observatoire est gratuit et très simple d’accès avec une vue dégagée à 360° vraiment impressionnante. On rejoint ensuite le quartier d’Odaiba pour le retrait des dossards. L’ancien parcours, modifié il y a 2 ans, arrivait auparavant là-bas. C’est toujours le lieu de départ de la course de la veille du marathon (5 Km) qui réunit les familles et quelques milliers de coureurs. J’ai décidé de ne pas y participer, je préfère privilégier les visites.

J’ai déjà eu l’occasion d’aller sur cette île artificielle construite dans la baie de Tokyo. On y arrive par un monorail automatique qui slalome au début au milieu des buildings pour ensuite prendre le gigantesque Rainbow Bridge. J’avais le souvenir que le métro de Tokyo n’était pas pratique. Cela n’a pas évolué, il y a 4 compagnies différentes, il n’y a pas souvent des accords entre les compagnies donc il faut souvent racheter un ticket dont le prix est fonction de la distance entre la station de départ et d’arrivée. (Tarif des tickets compris entre 180 Y et 500 Y et un abonnement quotidien compris entre 700 Y et 900 Y mais valable uniquement sur une ou deux des compagnies).

L’île est composée d’immenses complexes de loisirs, des bâtiments futuristes, la plus haute grand roue du monde et la réplique de la statue de la liberté. Le salon est situé à proximité de la station de Kokusai-tenjijo-seimon Station sur la ligne Yurikamome. Le retrait des dossards est très fluide avec une armée de bénévoles. L’organisation parle du chiffre impressionnant de 13 000 personnes.

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Le marathon expo est impressionnant. Les animations sur les stands sont nombreuses avec un grand principe : attirer en faisant du bruit et en entretenant des files d’attente. Les microphones et mégaphones sont de sorties avec distribution de goodies. Leur imagination est florissante : course de petite voiture qui avance par un stepper, tablettes tactiles projetant ta simulation de course ou camion simulateur de tremblement de terre. Ensuite place aux habituels stands avec les marques classiques et la découverte de quelques marques asiatiques qui doivent être essentiellement commercialisées sur le continent. Retour ensuite à l’hôtel ou je rencontre Allen avec qui je partage la chambre. Il vient des Etats-Unis, état de Géorgie près d’Atlanta. On discute essentiellement de course à pied puis à 22h, il est temps de se coucher pour essayer de se caler sur le fuseau horaire japonais, 8h de différences ce n’est pas évident à gérer.

Vendredi 23 février 2018 :

Malgré plusieurs réveils au milieu de la nuit, je récupère bien du voyage et descends vers le buffet du petit- déjeuner. Choix impressionnant avec du sucré ou du salé à volonté. Rendez-vous à 9h avec Sebastien P. direct dans le hall de l’hôtel. Dès la validation de mon séjour, je l’avais averti de ma prochaine venue. Cela fait presque 3 ans qu’il vit ici. Toujours sympa de retrouver des expatriés, on va papoter course à pied même s’il court beaucoup moins depuis qu’il habite ici. Il m’a prévu une petite marche à travers Tokyo. Direction le Meiji-Jingo, sanctuaire shintoïste situé en plein cœur de Tōkyō, en bordure du quartier Harajuku. En 1915, une commission choisit un terrain appartenant à la Maison impériale comme emplacement pour la construction d’un sanctuaire dédié aux âmes divines de l’Empereur Meiji, mort en 1912, et de sa femme l’Impératrice Shōken. Poumon vert au milieu de la ville, c’est un lieu de cérémonie de mariage traditionnel et endroit populaire pour fêter le nouvel an.

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Puis direction Takeshita-dori, rue piétonne, symbole du quartier excentrique Harajuku. Les boutiques de mode s’alternent avec les salons de thé ou crêperie tandis que l’on peut tomber sur des jeunes Japonais en cosplay, dépaysement assuré. On rejoint ensuite Omotesando, avenue de luxe du style « Champs-Elysées ». Puis pause sushi qui défilent sur des tapis roulant à proximité de Shibuya, autre gare immense de la mégalopole. Le tarif du sushi, maki ou autre mets effectués à la demande dépend de la couleur de son assiette. L’addition la plus corsée revient à celui qui a entassé le plus d’assiettes.

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Shibuya est surtout connue pour être le plus grand passage piéton du monde. Dès que le petit bonhomme se met au vert, une marée humaine se met en route. Le passage est transverse, il est donc possible de traverser comme si de rien n’était le carrefour dans sa diagonale, il ne faut pas être claustrophobe mais en général cela se régule naturellement. C’est encore plus impressionnant lorsque l’on observe la traversée avec un peu de hauteur. Le rendez-vous classique et conseillé dans tous les guides, c’est le premier étage du bâtiment Starbucks où la vue est imprenable. J’y retrouve la statue du légendaire chien Hachikō, lieu de rendez-vous classique. Son histoire adaptée au cinéma dans un film avec Richard Gere. Shiba-inu (race de chien) dans le film, akita dans les années 30, est célèbre pour avoir quotidiennement attendu pendant près de dix ans son maître qu’il avait l’habitude d’accompagner à la gare tous les matins. Son maitre est décédé sur son lieu de travail et n’est donc jamais revenu. Jour après jour, le chien retourne précisément à l’heure à laquelle le train de son maître était supposé arriver, et attend. Hachikō est rendu célèbre quelques années plus tard par un article du journal local. Beaucoup d’habitués venaient lui apporter de la nourriture lors de son attente, fidèle au poste. Il est ainsi devenu une des mascottes du quartier.

Sur les conseils de Seb P qui travaille finalement en début d’après-midi, je rejoins l’observatoire de la Bunkyo Civic Center à Korakuen qui offre une belle vue dégagée à 360° sur l’immensité de la ville. Je poursuis à pied et pars en direction du Tokyo Dome qui regroupe un stade couvert de base-ball (qui accueille l’équipe local des Yomiuri Giants ou des concerts) ainsi qu’un immense complexe de divertissements attenant qui comprend notamment un parc d’attractions (surprenante montagne russe au milieu de la ville) et un centre commercial.

Je poursuis en direction d’Akihabara, quartier électronique de Tokyo et lieu privilégié des amateurs de mangas et de jeux vidéo. Je rentre de nouveau dans une salle de Pachinko, jeu populaire situé entre une machine à sous et un flipper. Les salles de jeux sont assourdissantes et étonnantes, certains joueurs y restent pendant des heures. Les jeux d’argent sont interdits au Japon. Les billes sont ensuite échangées contre des lots qui sont eux-mêmes échangés contre de l’argent dans les boutiques environnantes. Les gérants des salles sont souvent coréens et des liens avec la célèbre mafia des Yakusa seraient souvent très proches. Environ 1 japonais sur 4 y joue régulièrement !

On se retrouve ensuite avec Sébastien pour manger dans le quartier de Shibuya. On y croise les coureurs AFE qui organisent ce soir un run, j’avais repéré leur évènement sur les réseaux sociaux. Je pense plutôt les rejoindre pour leur soirée post-marathon, c’est plus raisonnable. On mange finalement dans un petit restaurant autour des buildings remplis de néons, de panneaux publicitaires et d’écrans géants qui caractérisent les rues bondés de ce quartier. Au moment de la commande, nous sommes un peu intrigués par la machine située à l’entrée du restaurant et qui permet de payer son repas. Ils ont été sympas, les plats étaient quand même traduits en anglais.

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Samedi 24 février 2018 : 

Sébastien retourne au salon du running car la carte mémoire de sa GoPro a connu un dysfonctionnement. Après un petit-déjeuner toujours aussi gargantuesque, je décide alors d’aller à Ueno, connu pour être un des poumons verts de la ville et un lieu de cultures. Les cerisiers ne sont malheureusement pas en fleur, j’imagine la beauté du parc au printemps. A l’entrée du parc, je croise la statue de Takamori Saigo surnommé « le dernier samouraï ». Sa vie a inspiré le film avec Tom Cruise. Je revois la statue du penseur de Rodin qui se trouve juste devant l’entrée du musée national de l’Art occidental dont le bâtiment a été construit par Le Corbusier. Je me décide à visiter le musée national de Tokyo (620 Y) qui a été inauguré en 1872. C’est le lieu où l’on peut admirer le plus grand nombre de Trésors nationaux et Biens culturels importants du Japon. Je passe du temps à admirer les kimonos, katanas, tenues de samouraïs et certaines estampes japonaises.

Dans le parc, je retourne au Toshogu Shrine, temple classé trésor national. Il a été construit en 1617 et a échappé aux guerres, incendies et séismes. C’est pour dire qu’il n’a pas été gâté mais il est encore debout et c’est quasiment un miracle ! Sa longue allée, composée de lanternes, ne laisse pas indifférent. Les japonais laissent des vœux et prières sur des planchettes en bois ou accrochent des petits bouts de papiers autour des branches des arbres. Sur la droite de l’allée se trouve un monument commémoratif à Hiroshima, composé de colombes, de rubans et d’une flamme en mémoire des victimes. La bombe atomique toucha le 6 août 1945 une des principales bases miliaires du Japon tuant au passage environ 250 000 personnes. Je fini mon tour à travers le parc par l’étang de Shinobazu qui est envahi par des lotus géants. Autour se trouvent les buildings. J’avais presque oublié durant cette balade que je me trouvais à Tokyo, ville démesurée et ultra-urbanisée.

Je retrouve Sébastien devant l’immeuble Wako situé dans le quartier de Ginza. Le sponsor chronométrique de la course y aborde le chrono du record du monde. Je n’y crois pas trop, Kipsang a été très décevant sur ses dernières courses. Chuo-dori, l’artère principale de Ginza est piétonnière tous les week-ends ce qui est super agréable vu le ciel bleu que l’on a aujourd’hui. C’est une zone très commerçante avec beaucoup d’enseignes de luxe. On rejoint ensuite Tokyo Station, gare inauguré en 1914 et qui arbore un style très européen avec ses 8 millions de briques rouge. C’est également le lieu de l’arrivée, l’arche est d’ailleurs en cours de montage à notre passage. Juste à côté, se trouve le palais impérial. Cerné par ses douves, le complexe abrite la résidence actuelle de l’Empereur appelée Kokyo ainsi que plusieurs parcs dont seuls certains sont ouverts au public. Le tour du palais sert de piste (dans le sens inverse aux aiguilles d’une montre) aux nombreux joggers qui profitent de cinq kilomètres entre buildings et nature.

Nous reprenons le métro direction du Sensoo-ji Temple, important lieu de culte. Il est composé d’une pagode à 5 étages (la seconde plus haute du Japon) et d’un sanctuaire. Il y a déjà pas mal de japonais présents pour prier et faire des offrandes. Je suis surpris par la présence d’une petite fontaine où s’attroupent de nombreux locaux. Le chozuya contient de nombreuses louches à long manche. Celles-ci servent à se purifier avant de pénétrer dans l’espace sacré. J’observe attentivement leurs gestes. De nombreux parallèles peuvent être effectués avec les ablutions dans les mosquées avant la prière. Il faut ainsi remplir une louche au robinet, verser l’eau sur une de ses mains puis l’autre. Prendre un peu d’eau dans la paume de sa main pour se rincer la bouche, puis la cracher au sol à côté du bassin. Une fois dans la salle de prière, les gens glissent une pièce dans la boite à offrandes, font retentir le gong en tirant sur une corde, frappent deux fois dans leurs mains, s’inclinent, et sortent à reculons. C’est toute une cérémonie. Le Senso-Ji est un temple bouddhiste situé dans le quartier d’Asakusa. C’est le plus vieux temple de la capitale japonaise et un lieu incontournable. Sa grande porte Kaminari-mon à l’entrée voit ainsi passer 30 millions de personnes chaque année. Il est courant de rencontrer des japonais habillés en tenue traditionnelle, belles photos assurées. Y aller à la tombée de la nuit est une bonne solution, les éclairages mettent en valeur le temple.

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La journée a été bien remplit : on mérite bien un verre dans un bar à chouette. Tout est possible au Japon, j’avais entendu parler du bar à chat dont un a même ouvert à Paris. Ce bar est situé dans les galeries commerçantes à proximité du temple d’Asakusa.

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Dernier repas avant la course, je me prends une okonomiyaki que l’on peut résumer par un mélange entre une crêpe et une omelette. Sébastien prends moins de risques avec des yakitori et du riz blanc. Couché à 22h, Allen est déjà en train de dormir lorsque je rentre à l’hôtel. Je prépare discrètement mes affaires, la ligne de départ est visible depuis la fenêtre de ma chambre.

Dimanche 25 février 2018 : 

C’est le jour J : réveil programmé à 5h30 afin de pouvoir finir mon petit déjeuner 3h avant le départ de la course. J’ai bien dormi, d’un autre coté je ne préfère pas savoir le nombre de kilomètres parcourus les 2 derniers jours. Petit déjeuner copieux, je me limite à des pâtes et des tartines avec du miel et une tasse de thé. Je retourne me coucher jusqu’à 8h. Les conditions sont idéales, températures comprises entre 3 et 7 degrés, pas de pluies ni de vents. Départ de la chambre vers 8h20, nous donnons rapidement notre sac au camion de la consigne. Je me faufile rapidement dans mon sas situé au pied de la mairie, la musique résonne déjà. Je suis dans le SAS B, je vais partir quelques minutes après le sas élite.

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Je croise Nacho que j’avais connu à New York par l’intermédiaire de Romain B. et qui m’avais permis de récupérer un dossard. On se donne rendez-vous pour la soirée AFE dans quelques heures. Après une chorale et l’hymne nationale, c’est déjà l’heure du départ. Je pars prudemment en ayant l’objectif de réaliser un chronomètre compris entre 3h45 et 4h qui me permettra d’essayer d’enchaîner sur une préparation plus ambitieuse pour le marathon de Londres dans 8 semaines. Le départ est fluide et aidé par les avenues larges. Les 5 premiers kilomètres sont largement descendants, il faut un peu retenir les chevaux, la route est encore longue. Passage en 27’13, juste le temps de voir Seb et sa femme avec une petite photo.

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Les avenues sont toujours aussi larges avec de grandes lignes droites, passage au 10ème kilomètre situé à proximité de l’arrivée en 52’48. Ensuite durant 18 km, le parcours se croise. Malheureusement à quelques minutes près, je ne croise pas les premiers mais arrive à encourager Seb et Nacho. Je suis impressionné par le nombre de bénévoles situés tout le long du parcours, au moins une présence tous les 15 mètres avec un sac poubelle pour ramasser ton gobelet ou ton gel. Le sol a l’avantage d’être propre et les gens sont très respectueux, ce qui ne m’étonne pas de la part des japonais. Des barrières sont présentes tout le long du parcours et chose incroyable, des toilettes sont à disposition tous les 2km maximum avec l’indication du prochain point comme sur les panneaux d’aires d’autoroute. Passage au km 15 en 1h18’18 juste devant le temple de Sensoo-ji à Asakusa. Les jambes répondent toujours bien, j’arrive à rester régulier avec un passage en 1h50’02 à mi-parcours. Passage dans le quartier des sumos au km 25 avec le fameux Ryōgoku Kokugikan qui accueille les plus grandes compétitions de sumo. Les japonais sont très présents tout le long du parcours même si les applaudissements sont souvent retenus. Mon maillot FRANCE est souvent reconnu ce qui me vaut des Bonjour la France ou Bienvenue. Passage au km 30 à Ginza en 2h38’26, je commence à ralentir un peu, je croise la ligne du Km 41 où des petits groupes compacts de coureurs à majorité asiatique entament leur dernier kilomètre. Une ligne droite de plus de 5km m’attend, je limite la casse. Je passe à proximité de la Tokyo Tower, facilement reconnaissable et croise pour la dernière Seb puis Nacho. Je termine en pilotage automatique en 3h50’33, heureux de finir mon 14ème marathon et avant dernier Major. Une grosse pensée à l’arrivée pour Laurent D. à qui je dédie cette course, il adorait le Japon et aurait aimé participer à ce marathon.

Je récupère rapidement une couverture de survie et un sac contenant un ravitaillement car il fait frais. Les consignes sont loin, je les ai croisé et estime à environ 2km à faire avant de pouvoir se changer et mettre des affaires sèches. Cela me rappelle New-York, c’est interminable. Au final, parcours très roulant propice à la performance, il faut cependant savoir bien appréhender le décalage horaire et être fort dans la tête car la course se croise sur au moins la moitié du parcours. Je trouve la médaille très réussie, on reçoit également une serviette en coton Finisher qui fera un beau souvenir.

MEDAILLE TOKYO

Après m’être rapidement changé, je reste bouche bée devant le ravitaillement exotique notamment composé de tomate-cerise avec la possibilité de prendre des bains froids pour les cuisses ou de faire une séance d’acuponcture gratuite. Je rejoins le bus qui me raccompagne à mon hôtel, tout est bien organisé, la douche est bien méritée. On se donne rendez-vous à 16h30 à Shibuya avec Sébastien devant la fameuse statue d’ Hachikō. Il a fini de son côté en 3h08, dans les temps pour un sub 3h jusqu’au km36.

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On rejoint le Pizza Slice 2, QG de AFE, groupe de runners de Tokyo affilié à Nike. On y retrouve des coureurs japonais mais aussi des coureurs venus du monde entier. Ambiance très sympa autour d’une bière et d’une pizza. On repart même avec un t-shirt et des autocollants du groupe, vraiment sympa de leur part.

AFE

Le marathon de Tokyo 2018 s’est révélé d’une densité inédite avec 15 coureurs sous les 2h10 dont 9 japonais. La victoire revient au Kenyan Dikson Chumba après l’abandon du favori Kipsang au 19ème kilomètre. On retient surtout le record national du japonais Shitara en 2h06’11 ». Un record dont le Japon rêvait depuis 16 ans, il repart avec 100 millions de Yens.

parcours

Lundi 26 février 2018 :

Dernière journée pleine à Tokyo, programme chargé avec Sébastien pour profiter au maximum. Je finalise mon sac et le laisse à la consigne du Hyatt, ma formule comprenait 4 nuits. Dernier petit -déjeuné avec Allen, il me raconte sa course. Il a battu son record de 30 minutes pour finir en 4h50. Il repart dès ce matin. On commence la journée par la Tokyo Tower, inspirée fortement de la tour Eiffel. Sans être chauvin, elle ne lui arrive même pas à la cheville malgré ses 333 mètres et sa couleur rouge et blanche symbolisant sans doute le drapeau japonais. La Tour de Tokyo est une tour japonaise de radiodiffusion, inaugurée en 1958 à l’image de la Tour Eiffel. A quelques pas se situe le temple Zojo-ji qui permet de poursuivre la balade. Édifié une première fois en 1393, il fut déplacé en 1598 dans le lieu où il se trouve toujours actuellement par le shogun Tokugawa Ieyasu. Sur le côté du temple, des centaines de statues Jizô constituent un cimetière de bonne fortune pour les enfants décédés.

On rejoint ensuite le marché au poisson de Tsujuki qui abrite le plus grand marché aux poissons du monde, fondé en 1935. Son déménagement à Toyosu est prévu pour octobre 2018. Le marché est constitué de trois pôles : Vente de thon aux enchères (pour y accéder seuls cent-vingt visiteurs y sont admissibles par jour, il vaut mieux ainsi arriver aux aurores). Visite par le marché intérieur et ses dizaines de variétés de poissons. Les visites sont organisées par groupes de 6 personnes ou plus avec une interdiction de prendre des photos et de toucher quoi que ce soit. On y découvre des produits inconnus avec la possibilité de déguster les poissons les plus frais dès le petit déjeuner.

Puis direction le fameux Ryōgoku Kokugikan qui accueille les plus grandes compétitions de sumo devant plus de 11 000 personnes. Petit musée gratuit à l’entrée du stade qui passe des rediffusions des plus grands matchs. On rejoint ensuite le Tokyo Dome où va sans doute se dérouler un concert d’un boys band local. Les admiratrices sont nombreuses et les files d’attente impressionnantes.

Dernier repas avec Sébastien à proximité de la gare centrale où se retrouve beaucoup de travailleurs en costume. Bière locale et ramen au menu. Je récupère ensuite mon sac à la consigne pour rejoindre mon nid douillet du soir. Tout est relatif, pour clôturer le séjour, j’ai décidé de passer ma dernière nuit dans un hôtel capsule. Le principe repose sur la configuration réduite des chambres sous forme d’une boîte allongée de quelques mètres carrés comprenant uniquement un lit une place (2m de longueur / 1m de hauteur / 1m de largeur). Ce type d’hébergement existe ici depuis la fin des années 1970. Les capsules ne sont pas munies de portes rigides mais plutôt d’un rideau laissant passer tous les bruits. J’ai la chance d’avoir le sommeil profond. Il ne faut, en tout cas, pas souffrir de claustrophobie. On se déplace dans l’établissement (qui est sur 7 niveaux) uniquement en slippers, chaussons d’intérieur, serviettes et kimonos fournis par l’hôtel. Les affaires personnelles doivent être rangées dans un box fermé tout comme les chaussures qui ont un emplacement réservé. Les sanitaires, toilettes et douches (évidemment communes) sont d’une extrême propreté avec même un jacuzzi et des machines à laver. Un étage est commun avec un écran  géant, des confortables fauteuils et des immenses tables pour se restaurer. Sur les 4 étages supérieurs, alignement de capsules (environ 100 par étages) dont un niveau réservé aux femmes. À l’origine, les hôtels capsule ont été initiés pour les travailleurs sortis trop tard de réunions pour attraper le dernier train. Au final, j’y croise des jeunes travailleurs en attente de trouver un logement, des personnes âgées qui sont sûrs de croiser et rencontrer du monde et un autre touriste qui est aussi curieux que moi de découvrir ce logement atypique.

Dormir dans un hôtel Capsule est une expérience à connaître au moins une fois dans sa vie. Cela me fait penser à la navette du Cinquième Élément de Luc Besson.  C’est un lieu économique (2 900 Y la nuit) situé près de la gare de Shinjuku (Kuyakusho-mae Capsule Hotel) dans le quartier de Kabukicho, sorte de Pigalle local avec ses clubs et salons de massages plus ou moins gérés par les Yakusa. Lieu idéal à 5 min à pied de la gare à condition de bien identifier la sortie à prendre.

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Mardi 27 février 2018 : 

Au final, nuit de 6h dans la capsule, il est déjà l’heure de se diriger vers l’aéroport de Narita pour un retour à la réalité parisienne. Départ à 11h depuis Tokyo pour une arrivée à 18h sur Paris. Il va falloir se remettre du décalage horaire et à l’entrainement, Londres est déjà au programme dans 8 semaines.

Budget global pour 1 semaine : 3 000 €.

520 € de billet d’avion.

2 200 € de pack dossard + 4 nuits au Hyatt Regency avec Sports International Tours.

280 € environ sur place.

TARIF Dossard : 10 800 yen pour les locaux et 12 800 yen pour les étrangers.

Les résultats : 

Birhane Dibaba (Ethiopia) – 2:19:51 – PB
Ruti Aga (Ethiopia) – 2:21:19
Amy Cragg (U.S.A.) – 2:21:42 – PB
Shure Demise (Ethiopia) – 2:22:07
Helah Kiprop (Kenya) – 2:28:58
Hiroko Yoshitomi (Japan/Memolead) – 2:30:16 – PB
Dickson Chumba (Kenya) – 2:05:30
Yuta Shitara (Japan/Honda) – 2:06:11 – NR
Amos Kipruto (Kenya) – 2:06:33
Gideon Kipketer (Kenya) – 2:06:47
Hiroto Inoue (Japan/MHPS) – 2:06:54 – PB
Feyisa Lilesa (Ethiopia) – 2:07:30
Ryo Kiname (Japan/MHPS) – 2:08:08 – PB
Chihiro Miyawaki (Japan/Toyota) – 2:08:45 – PB
Kenji Yamamoto (Japan/Mazda) – 2:08:48 – PB
Yuki Sato (Japan/Nissin Shokuhin) – 2:08:58 – PB
Mohamed El Aaraby (Morocco) – 2:09:18 – PB
Kohei Ogino (Japan/Fujitsu) – 2:09:36 – PB
Tadashi Isshiki (Japan/GMO) – 2:09:43 – PB
Akinobu Murasawa (Japan/Nissin Shokuhin) – 2:09:47 – PB
Simon Kariuki (Kenya/Nihon Yakka Univ.) – 2:10:00
Asuka Tanaka (Japan/Yutori RC) – 2:10:13 – PB
Hiroki Yamagishi (Japan/GMO) – 2:10:14 – PB
Daichi Kamino (Japan/Konica Minolta) – 2:10:18 – PB

RESULTAT

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