Ultime étape de mon World Marathon Majors, j’attends ce moment avec impatience. J’ai couru mon premier Major à New York en 2011 avant d’accélérer les marathons depuis Berlin en 2015.

Londres, c’est aussi le déplacement le plus court des 6 villes qui rentrent dans cette compétition créée en 2006. Ce challenge est de boucler les marathons des villes de Berlin, Boston, Chicago, Londres, New York et de Tokyo (qui a rejoint les majors depuis 2013).

A ce jour, il y a un peu plus 3 000 personnes qui ont reçu la fameuse médaille en sachant que je suis le 120ème français. Il faut le reconnaître, leur communication est excellente et créée des envies, il y a eu entre 300 à 500 nouveaux médaillés lors des derniers marathons. C’est également un bon business pour les organisateurs car il ne faut pas se le cacher, ce challenge n’est pas accessible à toutes les bourses.

Dans les coulisses des majors, qui regroupent pas moins de 250 000 coureurs par an, il y a le conglomérat chinois Wanda Group (également propriétaire de la franchise Ironman depuis 2015) qui vient de signer un partenariat de 10 ans avec les Majors et le groupe pharmaceutique Abbott.

Entre les transports, le prix des dossards (voir des packages pour certains marathons), les dépenses durant le séjour, il faudra à minima dépenser 7 000 € et l’addition peut vite monter au double voire au triple. Quand on aime, on ne compte pas.

A l’arrivée, cela reste un superbe défi à relever et la fameuse médaille spéciale est très réussie faisant référence aux six villes.

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Pour boucler ce challenge, je passe par le tour opérateur ‘Sportif à bord’ avec Elisabeth aux manettes. C’est le moyen le plus sûr pour participer à ce marathon. En effet, les organisateurs anglais privilégient les inscriptions britanniques (soumises à des barrières chronométriques en fonction des l’âge et du sexe), les levées de fonds à des associations (qui sont très développées pour le marathon de Londres et qui ont permis de lever des fonds à hauteur de £890 millions depuis 1981 dont £61.6 million pour 2017) et la loterie (qui porte bien son nom car je ne connais personne autour de moi qui a été tiré au sort).

Je valide mon inscription début octobre 2017 comprenant 2 nuits d’hôtels et le dossard pour 815 € (tarif en cas de partage de la chambre et 1 215 € avec un accompagnant). Je m’occupe de réserver le trajet en Eurostar (94 € aller-retour), c’est le moyen le plus rapide de rejoindre la capitale britannique.

Samedi 21 avril 2018 :

Départ depuis la Gare du Nord à 8h du matin. Le passage de la douane est rapide. Je croise Greg dans la file d’attente, cela fait plaisir de le voir depuis notre rencontre à l’occasion du marathon de Chicago. Grâce à l’heure du décalage horaire, nous arrivons à Saint-Pancras à 9h30 heure locale. On file directement chercher le dossard au Excel London, grand parc d’exposition situé à proximité de la station de métro Prince Regent DLR. Nous y arrivons avant le bain de foule, le retrait des dossards est très rapide avec un stand spécial réservé aux coureurs étrangers. Je rejoins ensuite le stand Abbott World Marathon Majors qui est très animé du fait de la présence d’un tapis de course qui mesure ta vitesse et ton chrono sur 400 mètres. Certains coureurs sont déchaînés et ne rechignent pas à courir à block malgré la course du lendemain.

Je retrouve Judee devant le stand, nous avons eu l’occasion de nous envoyer des mails confirmant mon inscription et mes résultats aux derniers Majors. Je lui montre mon dossard, elle y colle un sticker avec le symbole 6 et me donne un dossard spécial à épingler dans le dos. Je prends quelques photos avant le rejoindre les stands du marathon expo.

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J’achète mon traditionnel mug qui vient agrandir la collection, celui de Londres n’est pas terrible mais je craque quand même. Je passe assez rapidement sur les stands sachant que niveau équipement les armoires sont déjà pleines et qu’il n’y a rien d’exceptionnel. Les allées commencent à se remplir et je ne veux pas non plus trop piétiner.

On décide de rejoindre notre hôtel qui situé juste à côté de Covent Garden et chose appréciable, à seulement 800 mètres à pied de la ligne d’arrivée. Situé à une centaine de mètres de la station de métro Charing Cross, le hall du Strand Palace grouille de marathoniens. La chambre ne sera disponible qu’en milieu d’après-midi, on laisse les bagages à la consigne et partons déjeuner. Il y a l’embarras du choix, on opte pour un restaurant japonais très copieux avec soupe, gyoza et sushis. On se balade ensuite aux alentours de Covent Garden avec son hall, ancien marché de fruits et légumes. Je ne lâche pas ma gourde, il fait chaud et les températures prévues pour demain ne sont pas là pour me rassurer. A ce sujet, nous avons d’ailleurs reçu un mail de l’organisation nous demandant de ne prendre qu’une seule bouteille d’eau par ravitaillements et de revoir ses ambitions au niveau du chronomètre. Sachant que le départ est à 10h (soit 11h, heure française), je pense qu’il aurait été prévoyant de la part de l’organisation de nous faire partir plus tôt comme c’est le cas notamment à Chicago. Je pense que les droits télé y sont pour quelque chose surtout que le plateau de cette année est exceptionnel. Londres aimerait chiper la meilleure performance de tous les temps à son voisin berlinois qui truste les records masculins depuis 2003 avec six records améliorés.

On continue la balade autour de notre hôtel qui regorge de boutiques et de théâtres. On se motive pour une comédie musicale et réservons Thriller, spectacle dédié à Michael Jackson pour la séance de demain 19h, en espérant avoir récupérer de la course.

On rejoint Piccadilly Circus, place centrale connue pour ses panneaux publicitaires et ses commerces avant de faire une pause à Trafalgar Square. Cette place commémore la bataille de Trafalgar qui opposa les flottes franco-espagnole et britannique en 1805. C’est un lieu bien connu pour être un espace social et de liberté d’expression. Il y a d’ailleurs un festival de musique pour célébrer la Saint-Georges, on se pose dans l’herbe située devant l’entrée de la National Gallery, un des plus importants musées de Londres.

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On récupère ensuite la chambre, la douche est appréciée avant de rejoindre Youns pour un plat de pâtes faisant office de Pasta party, tradition de veille de course. Le quartier est sympa avec la traversée de Carnaby Street et de petites rues commerçantes. Coucher vers 23h, avant la photo de ma tenue pour demain, il faut rester raisonnable la veille d’un marathon.

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Dimanche 22 avril 2018 :

Nuit un peu agitée mais cela reste normal la veille d’un marathon. Le réveil sonne à 6h, le rendez-vous du bus est prévu à 7h. Je descends prendre le petit-déjeuner qui est copieux. Je croise Laurent M. et me limite en mangeant du pain complet avec du miel et un thé. La salle de restauration est remplie de coureurs, l’effervescence commence à monter. Photo de groupe à 7h dans le hall avant de rejoindre le bus qui nous attend. Le thermomètre annonce déjà 18°, je sens qu’on ne va pas avoir froid. Environ 35 minutes de trajet pour rejoindre Greenwich, situé sur la rive sud de la Tamise. Ce quartier est connu pour Le méridien de Greenwich qui sert de référence internationale de longitude égale à 0°.

On rejoint Greenwich Park avec sa grande prairie verte. On suit les dirigeables qui sont de sorties et qui permettent d’identifier les 3 grandes zones de départ (bleu, rouge et verte). On se pose dans l’herbe en attendant le départ, plus de 2h à patienter. Je croise Sébastien, avec qui j’ai voyagé durant mon marathon à Tokyo, qui est en course pour réaliser les 6 marathons majors dans l’année. Total contraste avec les conditions de son dernier marathon à Boston, terminé il y a à peine 6 jours sous des conditions dantesques. L’attente est plutôt rapide surtout que l’on assiste sur des écrans géants aux départs successifs des athlètes handisports puis des élites femmes. On commence à rejoindre les sas environ 30 minutes avant le départ, finalement c’est passé rapidement. Quelques minutes avant le départ, le fameux God Save The Queen sous la bienveillance de la reine mère retentit (qui a fêté la veille ses 92 printemps), on l’aperçoit à proximité de la ligne de départ. Place ensuite à la présentation des coureurs élites qui sont à peine à quelques dizaines de mètres devant nous. Le plateau est impressionnant et exceptionnel cette année. La course réunit notamment trois champions olympiques : Kenenisa Békélé, Mo Farah et le détenteur du record officieux (proche du sub 2h sur la piste de Monza) sur la distance reine : Eliud Kipchoge.

Le départ est lancé, je franchis la ligne de départ moins d’une minute après les élites, l’avenue est large et le départ se fait sereinement. Le quartier de Greenwich est très agréable, la chaleur se fait sentir et la foule est déjà très présente au bord de la route. Les jambes se portent bien pour le moment et j’arrive à respecter l’allure révisée. Je n’ai pas réussi à tenir les allures de mon plan d’entraînement pour réaliser moins de 3h. J’ai donc décidé de partir sur une allure de 3h15/3h20. Passage en 45’34 au 10 km, jusqu’ici tout va bien. Passage devant le trois mats « Cutty Shark » qui servit au commerce du thé de Chine et de la laine néo-zélandaise avec le Royaume-Uni à partir de 1869.

Impressionnante marée sur plusieurs rangs sur le bord de la route. Je reste concentrer sur ma course, je craque quand même plusieurs fois et vais taper dans les mains pour prendre de l’énergie pour le reste de la course. Je me fais régulièrement doubler par des participants arborant des costumes incroyables, certains tentent de battre des records du monde avec des tenues spécifiques homologuées par le Guiness Book. Je ne m’imagine même pas un instant avec leur costume, je suis en débardeur léger et ai déjà super chaud. Le passage de la tamise commence à se rapprocher avec le célèbre Tower Bridge. Au moment de sa construction, c’était le plus grand (246 mètres de longueur et 65 mètres de hauteur) et le plus sophistiqué des ponts basculants jamais construits. Son architecture de style néogothique est atypique et composé de deux grandes tours avec un ouvrant permettant notamment d’avoir un passage pour les navires les plus hauts.

Ce passage proche du kilomètre 20 est impressionnant et un des emblèmes de ville : 1h34’32, je suis encore dans les temps au semi mais la route est encore longue. La foule est compacte, les anglais sont bien au rendez-vous et sa réputation est légitime au niveau de l’ambiance. On me propose régulièrement de la bière et les applaudissements et hurlements sont assez constants.

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J’aperçois des voitures et des motos qui approchent de l’autre côté de la route. C’est la tête de course qui est déjà dans les cinq derniers kilomètres ! Je me positionne sur la gauche de la route pour voir qui est devant. Je reconnais deux coureurs. Le maillot blanc d’Eliud Kipchoge, champion olympique sur la distance et meilleur marathonien depuis 5 ans est devant. Juste derrière lui, un outsider, Tola Kitata qui le suit de près. Plus loin à quelques centaines de mètres, je devine aux cris et encouragements que Mo Farah approche. Il sera difficile pour lui de remonter mais tout le public est derrière le quadruple champion olympique et sextuple champion du monde. Somalien de naissance, il a grandi dès son jeune âge en Angleterre et a été même anobli par la reine. Au final, le classement restera tel quel. 1-Kipchoge (2h04’17), 2-Kitata (2h04’49) et 3-Farah (2h06’21). L’athlète britannique battra lui le record de Grandre-Bretagne, datant de 1985.

Après le passage du semi, je ressens des lourdeurs au niveau des jambes et mon cardio commence à monter. Je décide de ralentir un peu le rythme. Je rattrape Laurent C. qui marche sur le côté, il était parti pour réaliser moins de 3h, il traîne malheureusement une blessure. Mon allure diminue progressivement et la chaleur commence à se faire de plus en plus ressentir, je passe le 25ème kilomètre peu après midi. Je croise David qui est avec sa team Run Dem Crew en train de faire l’animation. Cela fait plaisir de le croiser, on a participé ensemble au trail de Dorset et à la CCC. Toujours un plaisir de le croiser.

Peu après le 30ème kilomètre, gros passage à vide. Je suis obligé de m’arrêter sur le bord de la route, je sens une soudaine baisse de tension et un mal de ventre. Je prends une pâte de fruit et bois l’eau de la bouteille que je venais de récupérer au dernier ravitaillement. Je m’assieds sur le bord du trottoir et attends de reprendre mes esprits. Environ 10 minutes se passent, je vois arriver Mano et Baba qui sont surpris de me retrouver sur le bord de la route. Je suis toujours dans le dur, ils me proposent d’avertir les secours qui sont à quelques dizaines de mètres mais de l’autre côté de la chaussée. Le peloton est dense pour traverser et je ne suis pas au mieux, les secours décident de me faire traverser avec une chaise roulante avant de rejoindre leur poste. Mano et Baba repartent, c’est le mieux à faire de leur côté. Il y a déjà pas mal de coureurs au stand, la chaleur commence à faire des dégâts. Ma tension est normale et j’explique tant bien que mal ma situation, ils me rassurent un peu et me disent que je peux rester le temps de récupérer.

Après plus de 30 minutes, cela va légèrement mieux mais ce n’est pas encore la forme olympique. Il reste surtout 12 kilomètres à parcourir pour finir la course. Je compare ma situation à celle de ma CCC et relativise. Ils décident de me donner une poudre à diluer dans une bouteille de 50cl, je siphonne rapidement la bouteille. Je suis déshydraté, j’ai pourtant bu quelques gorgées à chaque ravitaillement, manifestement pas assez. Après 20 minutes, je pense que les effets du cachet commencent à se faire ressentir. Je décide de repartir en marchant. Après un rapide calcul, il me reste au maximum 2h de courses. Je sens que je peux recourir mais la route est encore longue, je marche donc à bonne allure. Je suis encouragé sur tout le trajet et de nombreux coureurs m’interpellent dès qu’ils aperçoivent mon dossard situé dans le dos qui mentionne la fameuse médaille. Je prends les kilomètres les uns après les autres en marche active. Je suis impressionné et un peu choqué par les montagnes de bouteilles d’eaux à proximité des ravitaillements. Je ne vois aucunes poubelles, contraste complet avec le marathon de Tokyo. Sur la fin du parcours, je vois même des scènes ahurissantes de montagnes de bouteilles, les bénévoles n’ayant pas le temps de les dégager des trottoirs. Je me retrouve à hauteur de Tower bridge et voit la voiture balais clôturer la course. Cela me rassure un peu, j’ai encore un peu de marge.

Peu avant le 40ème kilomètre, le parcours passe à proximité de mon hôtel, je décide de recourir. Plus rien ne peut m’arriver, je profite un maximum. Je me sens déjà content d’avoir pu redémarrer après mon passage à vide. Les allées sont de plus en plus larges, l’arrivée face à Buckingham palace approche. Au bout de la dernière longue ligne droite, dernier virage à droite avant de voir l’arche d’arrivée. Je franchis la ligne au bout de 5h31m36s avec un positif split impressionnant (1h40m pour le premier semi et 3h51m pour le second). Le chrono importe peu, le principal était de finir et dans un état correct.

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Je récupère rapidement ma médaille, je la trouve très réussie avec notamment la représentation du Tower Bridge. Quelques mètres après les bénévoles, le stand World Major Marathon m’attend impatiemment. Vérification rapide de mon dossard, je récupère la précieuse médaille. On pourra dire que je suis allé la chercher celle-là. Je fais quelques photos souvenirs et me dirige rapidement vers le point de rendez-vous avec Sportif à bord. J’espère qu’Eve ne s’est pas trop inquiétée et qu’elle a pu se connecter pour suivre mon tracking sur internet. Je la retrouve comme convenu au point de rendez-vous, elle est bien soulagée de me retrouver entier et plutôt frais. Elle a bien fait de ne pas me voir au km 30. Il est déjà presque 16h, je mérite une bonne douche. Heureusement, l’hôtel n’est pas trop loin. Je suis rapidement félicité par de nombreux coureurs qui lorgnent sur ma médaille, elle est plutôt imposante et le bruit des 2 médailles qui se cognent régulièrement n’est pas très discret non plus. Je raconte mes péripéties à Eve et lui parle rapidement du burger et de la bière que l’on avait repéré à proximité de l’hôtel. Je marche normalement et ai bien récupéré.

Petite sieste rapide d’environ 45 minutes, notre spectacle nous attend. 10 minutes à pied depuis l’hôtel en coupant à travers Covent Garden et Chinatown, on rentre dans la petite file d’attente du Lyric Theatre. On est bien placé au cinquième rang sur le côté gauche. Show impressionnant que je recommande vivement pour ceux qui apprécient les chansons du roi de la Pop. 15 chanteurs et danseurs sur scènes. Show de 2h30 avec une petite entracte ou tous les tubes sont repris depuis la période des Jackson 5 en passant par tous les hits qui ont bercés mon enfance et mon adolescence. Places à 55 euros par personnes réservées dans une boutique à proximité de Piccadilly Circus qui propose des tarifs à prix réduits pour les places de dernières minutes.

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Lundi 23 avril 2018 :

J’ai les chansons de Michael dans la tête toute la journée. Petit déjeuner copieux à l’hôtel avant de rendre la chambre et de mettre les bagages à la consigne. Promenade en direction d’Hyde Park, poumon vert de la ville. Il fait beau mais le vent est frais. On remonte ensuite les rues commerçantes de Regent Street et Oxford Street. Pause déjeuner avec le traditionnel fish en chips. Nous apprenons ensuite la nouvelle du jour : naissance du royal baby. Nous n’entendons malheureusement pas les traditionnels 103 coups de canon qui sont tirés lors de la naissance des bébés royaux. 62 sont tirés depuis la Tour de Londres et les 41 autres depuis Hyde Park à proximité de Buckingham Palace. L’origine de cette tradition remonte au 14ème siècle. Avant de reprendre notre train en fin de soirée, dernière ballade dans le quartier de Camden, réputé pour ses marchés et comme étant un lieu de culture alternative avec un mélange sympathique de street art, gothique ou punk. Je ne connaissais pas ce quartier, c’est une belle découverte. Les canaux sont également bien aménagés.

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Retour à la réalité parisienne en fin de soirée où les grèves continuent de faire parler d’elles. Notre train prend un peu de retard mais l’important est d’arriver à bon port.

Budget global pour 3 jours : 1 100 euros incluant le package avec le tour opérateur, le billet en Eurostar et les diverses dépenses sur place.

Il va falloir maintenant me trouver un nouveau défi. Selon les dernières infos récoltées, les majors vont prochainement passés à 9 avec le marathon de Singapour, un autre en Chine et un en Afrique du Sud. Je n’ai jamais visité ces 3 pays, cela pourrait donc être une bonne excuse.

 

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